Sculpture de poupées, Barbies & rebuts divers. Approx. 3’ x 3’ x 11’, 2008
Projet réalisée pour l’organisme communautaire La Bouée, maison d’hébergement pour les femmes et leurs enfants victimes de violence conjugale.
Œuvre disponible pour expositions temporaires.
Interprétation de Toutes pour une :
Globalement, l’utilisation des poupées et des Barbies rappelle les différents rôles potentiellement exigés de la femme, tels le rôle de maternité, mais aussi de femme performante avec l’image de Barbie, qui a le corps parfait, la voiture parfaite, la job parfaite, le Ken parfait, jamais fatiguée et toujours de bonne humeur! Ouf! Et ce sont des images qui sont projetées sur nos jeunes filles qui jouent avec Barbie; pernicieuse influence…
Les femmes ont dû, et doivent encore sur certains aspects, faire beaucoup d’efforts pour se libérer. Et on sait que ce n’est pas toujours chose facile, de surcroît s’il y a violence dans la demeure. Mais, il faut se rappeler que l’émergence est possible. C’est ce qu’illustre la base de l’œuvre : l’émergence du chao.
On conçoit aussi facilement, et c’est souvent le cas, que la femme a une intuition bien à elle, bien sentie, souvent très forte pour être à l’écoute des autres. Pourtant, et malgré cette aptitude, pour diverses raisons autant altruistes que protectrices ou même « abdicatrices », certaines femmes n’écoutent pas leur petite voix intérieure… Toutes pour une a donc le ventre fait d’oreilles, pour encourager les femmes à davantage d’écoute envers elles-mêmes.
L’histoire nous démontre par ailleurs qu’à l’écoute de ses besoins, la femme a su se mobiliser et se rallier pour défendre ses droits. En ouvrant les mains, celles qui donnent si souvent, qui consolent, qui rassurent, qu’on doit parfois tendre pour venir en aide à quelqu’un ou prendre lorsqu’on en a besoin. Les mains plein la tête représentent le geste que les femmes ont dû ou doivent faire pour se sortir de l’isolement et pour s’affirmer.
Quant à la floraison jaillissant de la tête, elle témoigne sans conteste de l’épanouissement de la femme, de sa libération tant physique que psychologique. Ces fleurs font penser à l’époque du Flower Power où le mouvement féministe s’est développé et où c’était la libération, particulièrement sexuelle, et la non violence qui primaient. Les fleurs sont aussi la matérialisation des résultats des nombreuses démarches et revendications des femmes; de chaque petit pas vers l’affirmation, la liberté. Et comme pour les fleurs, les gains sont à entretenir; les femmes doivent quotidiennement poursuivre leurs démarches pour s’épanouir.
La persévérance personnelle et collective est essentielle. Comme la sculpture qui est faite des dons de la collectivité (en effet, différentes collectes d’objets ont été réalisées en Estrie pour obtenir les matériaux nécessaires à la réalisation de l’œuvre; apporter un objet lors de ces collectes était un geste significatif contre la violence faite aux femmes), c’est l’ensemble des humains qui forment la société, et de ce fait, chacun de nous a le devoir de s’opposer à la violence sous toutes ses formes. Cette œuvre d’art est ainsi un vecteur original et percutant de sensibilisation à cette problématique.
Ida Rivard, artiste.